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Photo du rédacteurECRAN DROIT

MasterClass : Rencontre avec THOMAS VINTERBERG


Copyright Institut Lumière / Léa Rener


Invité d’honneur du Festival, le Danois Thomas Vinterberg, auteur de films qu’on ne présente plus tels que Festen, La Chasse ou Drunk, qui sort prochainement, est revenu lundi sur son parcours lors d’une Master class.


Evoquant d’abord son ressenti sur le mouvement Dogme95 (dont il est un des co-créateurs) dont il a dit que ce mouvement n’avait aujourd’hui plus aucun sens, tant le défi et la prise de risque que devait présenter ce parti-pris n’en sont plus aujourd’hui où le simple label Dogme95 signifie un succès, puis l’après Festen ainsi que la rencontre avec Ingmar Bergman et ses précieux conseils pour gérer le succès, ou sa relation aux acteurs , Thomas Vinterberg revient et passe en revue l’ensemble de sa carrière et de sa vie, avec émotions et difficultés parfois, mais toujours avec humour et amusement.


Quelques extraits choisis :


  • Le rapport à la morale et l’injustice :

« Depuis mon enfance je déteste l’injustice. Une fois, dans un bus avec mon père, dans un quartier qui craignait un peu à Copenhague, un mec arrive et vire ma sœur de sa place pour prendre son siège. Mon père a commencé à l’insulter, et moi j’étais trop petit, je ne comprenais pas que le type était énervé, et je suis allé le voir, j’ai tapoté sur son épaule, et je lui ai dit qu’il était un connard. Le type s’est levé, et m’as mis une beigne. Moi sur le coup, je me suis un peu évanoui, et en me réveillant j’ai vu mon père qui essayait de cogner l’autre gars, mais bon mon père c’était un universitaire, il ne savait pas vraiment se battre, mais il essayait quand-même. Heureusement la police est arrivée rapidement et a arrêté l’autre gars. Le lendemain à l’école j’avais un œil au beurre noir, mais quelque part, j’étais heureux et fier de ce que j’avais fait. »


  • L’expérience Dogme95 :

« Aujourd’hui il ne reste rien de Dogme95. A l’origine il y’avait un sentiment de révolte, de prendre des risques, d’explorer et de mettre à nu le cinéma. Et soudain, quand Festen a été récompensé, c’était devenu la mode. Le risque, l’exploration avait disparu, Dogme95 était devenu un ticket vers le succès »


  • La rencontre avec Ingmar Bergman :

« Après le succès de Festen, ça a été une période compliquée pour moi, je ne savais plus vraiment quoi faire, ça m’a pris des années pour trouver mon chemin. J’ai pu discuter avec Ingmar Bergman, et quand je lui ai dit que je ne savais pas trop quoi faire, que je réfléchissais, il m’a dit « t’es foutu. Décide toujours de ton prochain film avant que celui que tu es en train de faire ne soit fini. » Et je lui avais dit que en faisant ça je serai toujours occupé, que je pourrais jamais réfléchir. Et lui m’a répondu « c’est le but. Parce que quand tu sors un film, il peut t’arriver deux choses. Il peut t’arriver de te planter, de connaitre un échec. Tu deviens nerveux. Mais il peut t’arriver bien pire : tu peux avoir du succès. Et là tu ne cherches plus à faire ce que tu veux, mais à garder ton succès, tu deviens un stratège, tu penses avec la tête ».


  • Le rapport aux acteurs :

« J’écris toujours mes scénarios en pensant aux acteurs que je veux voir jouer les personnages. Je ne tourne qu’avec des gens que j’admire, parce que j’ai besoin qu’il y ait ce sentiment de sécurité, de confiance pour qu’on puisse se dépasser et prendre des risques. Quand vous êtes bien préparé et en confiance vous pouvez vous lâcher et là les choses incontrôlables vont arriver. Par exemple, Mads (Mikkelsen), il n’aurait jamais accepté de danser pour moi si on ne se connaissait pas avant, s’il n’y avait pas cette confiance. »


  • L’écriture :

« Ça fait 30 ans que je consacre maintenant une grosse partie de mon temps à l’écriture. Environ 70% de mon temps c’est de l’écriture. Des fois je suis heureux, des fois désespéré, mais c’est incontrôlable. Et puis il y’a les moments où le texte s’écrit tout seul, et là c’est merveilleux, c’est à ça que je suis accro. En ce moment je suis d’ailleurs en pleine écriture, mais cette fois ce ne sera pas pour le cinéma, c’est pour une série télévisée, mais c’est tout ce que je peux dire ».

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