par CLÉMENT MARTIN
Après plus d'une décennie de composition de musique de plus en plus exigeante, le duo expérimental offre un répit. SIGN est une écoute exceptionnellement engageante, maigre, par intermittence calme, voire plutôt mélodieuse.
Le groupe britannique a toujours joué avec un certain malaise musicale, canalisant la profondeur insondable de l'intelligence artificielle dans une musique d'une complexité interdépendante qui semble être le produit de données pures, insolubles et indomptées. En utilisant une gamme insondable de logiciels maison et de dispositifs matériels spécifiques, Sean Booth et Rob Brown ont remis l'onomatopée dans le calcul des nombres.
Ce qui est intimidant dans leur travail, c’est moins le mystère de sa fabrication mais plus le spectre du mépris qui se cache en marge de leurs compositions. Leur musique peut suggérer des machines tournant allègrement, insensibles à la présence des humains, peu enclins à se prosterner devant le désir humain de construire autour d'une mélodie et d'un rythme. Mais dans de brefs moments, à l’apparition d’un son plaintif de synthétiseur, ou à l’éclosion momentanée d’un groove, les mains du duo deviennent visibles derrière les circuits de la machine. L'homme se mêle à elle. Mais à mesure que leur travail est devenu plus dense et plus sombre, ces moments sont devenus trop rare. Il était facile de se demander si Booth et Brown n'étaient pas devenus eux mêmes des androïdes froids et amères. Mais à partir du son de SIGN, quelque chose a changé.
CLÉMENT MARTIN
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