Il s’agit du 8ème film du réalisateur déjà reconnu pour son talent, Thomas Vinterberg. Après Festen, et plus récemment Drunk, le réalisateur s’intéresse ici à un sujet délicat et difficile.
Dans une petite ville du Danemark, Lucas, un quadragénaire divorcé travaille au jardin d’enfants. En apparence il mène une vie paisible entouré de ses amis avec qui il partage la passion commune de la chasse.
Dans l’intimité les choses sont plus complexes, il tente désespérément de retrouver la garde de son fils, parti vivre chez sa mère.
L’inquiétude est sous-jacente, le spectateur sens pointer l’ombre du drame qui se profile. Le silence, qui prend une part importante dans la réalisation, laisse le piège se refermer tant sur le personnage principal que sur le spectateur.
Rapidement l’intuition prend le relais. Le spectateur s’interroge sur la situation : un homme seul de 40 ans qui travaille dans un jardin d’enfant... étrange.
Rapidement l’intuition se confirme lorsque la petite Clara, fille de son meilleur ami prend la parole. Lucas est alors accusé d’attouchement sexuel sur mineur. La nouvelle tombe comme une sentence. Lucas est déjà coupable.
L’habileté du réalisateur dans le traitement de ce thème tient en ce que le spectateur est mis face à ses propres réactions primaires, de la même manière que l’opinion publique de la petite ville danoise. C’est précisément le sujet du film : le drame du tribunal populaire.
Au moment où l’accusation tombe, un vrai jeu entre éléments à charge et scènes de vie intime du personnage principal s’installe. Seul le doute est certain, mais les accusations sont trop graves. Les amis de la chasse prennent de la distance, tout est remis en cause, l’opinion publique, horrifiée, met Lucas à la marge.
La violence et la folie ne tardent pas à faire leur apparition. Face aux menaces et à la violence, Lucas manque de sombrer dans la folie, il est désemparé.
Après une ellipse d’un an, le film reprend sur le baptême de chasse du fils de Lucas, tous les amis sont présents. Mais le malaise est palpable. Si le tribunal judiciaire a rendu sa décision, le tribunal populaire a également rendu la sienne.
- ATTENTION LE PROCHAIN PARAGRAPHE DEVOILE LA FIN DU FILM
La justice innocente Lucas, après que Clara a avoué avoir menti. Mais le mal est fait, rien ne pourra dissiper le doute qui pèse sur Lucas. Le jour du baptême, une partie de chasse se joue. Un homme tire sur Lucas. Le spectateur veut savoir qui il est. Mais le visage est à contrejour. La lumière orangée d’une fin de journée d’automne, qui annonce la fin de l’enfer pour Lucas, est assombrie par l’acte d’un seul homme. Il est la représentation de cette justice populaire aveugle et violente, qui n’a d’autres arguments que la haine qui l’anime.
Lucas devra vivre sur ses gardes, le premier tir était à côté, qu’en sera-t-il du second ?
PAR PABLO MIERA-VALLES
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