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On The Rocks (2020) - Sofia Coppola

Dernière mise à jour : 16 nov. 2020

par JORIS MEZOUAR




Sofia Coppola fait succéder à son brillant film d’époque « Les Proies » (2017) un film qui ne pouvait être plus académique. Laura (Rashida Jones), qui soupçonne son mari Dean (Marlon Wayans) d’infidélité, reprend contact avec son père Felix (Bill Murray) qui va instantanément devenir envahissant dans les affaires conjugales de sa fille, méconnaissant toute discrétion, civilité et gêne qu’il justifie par l’amour qu’il lui porte.




Sofia Coppola récidive dans le genre auto-fiction où Bill Murray père de l’alter-égo fictionnel de la réalisatrice succède à l’amant furtif de celle-ci dans Lost In Translation (2002) avec tout autant de profondeur et de talent. Évidemment que Francis Ford Coppola habite totalement ce film et le personnage de Felix en particulier. Grandir dans le sillage d’un père aussi reconnu, frivole, volatile a pu être une souffrance, mais c’est au bout du compte une inextricable qui nous est donnée à voir.



Felix nous emmène dans un New-York figuratif et inhabité, de beaux quartiers dont il connaît tous les anciens lieux mondains où se rencontrait une petite bourgeoisie délurée et excessive. Mais c’était quand cette ville faisait encore rêver. Aujourd’hui, cette classe est engourdies par les responsabilités parentales. L’abondance n’est plus de ce monde (ou l’est plus sournoisement).

S’enchaînent alors maison, école puis travail à plein temps. Même pour les artistes comme Laura, cette ville n’est plus fertile à la création, corrélat de son désœuvrement. Felix prend pourtant plaisir à y rencontrer les fantômes de cette belle époque que lui seul semble regretter et dont nous finissons par partager le sentiment.


On The Rocks, malheureusement, prend souvent le pli de ce qui est dénoncé. C’est un film morne dans ses couleurs, qui ne donne vie à rien. Pourtant, Gus Van Sant nous a prouvé qu’il est possible de faire un remarquable film comme « Gerry » sur le délitement d’une structure sociale fonctionnant sur l’apathie de ses personnages, livrés à l’infinitude d’un désert sans aucune ressource et presque aucun dialogue. Ici, les choses passent sans que rien n’advienne. À l’image de ces personnages qui ne font que fantasmer les mœurs datées des hommes accoudés aux tables les plus prestigieuses de la ville pour, au bout du compte, délivrer une morale des plus simplistes et douteuses.




Ce film à toutefois le mérite de crédibiliser l’idée que les derniers bastions de l’euphorie et du bon-vivant à l’américaine sont en crise. Il témoigne passivement, par manque de créativité et de regard, d’un état d’une partie de la société new-yorkaise et est en ce sens un film de son époque.

JORIS MEZOUAR



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