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Photo du rédacteurECRAN DROIT

KID A (2000) - RADIOHEAD (EXPERIMENTAL)



Radiohead n'a décidément jamais été un groupe qui aimait suivre les tendances classiques et la facilité, avec Kid A, le quatrième album sorti en 2000, Thom Yorke et ses compères prennent un virage à 300km/h direction l'électro et les compositions minimalistes. Beaucoup de fan à cette époque n'arriveront pas à comprendre la décision du groupe à aller vers quelque chose d'aussi différent de ce qu'ils avaient pu produire avec le tout aussi culte Ok computer, leur précédent album. Certaines critiques parleront même de "faux pas", d"'album totalement manqué où Radiohead déleste son public et la recette de ses succès passées", voire même "un album pour drogués vendu sans aucune drogue".


Pour autant, si à sa sortie les premières écoutes donne l'impression d'un véritable dépucelage auditif et cérébral, une bonne poignée de fan n'attendent pas longtemps avant d'encenser l'album et de le considérer vite comme l'un des plus réussis du groupe. Dès les premières notes du morceau Everything in it's right place, Radiohead livre une écriture tout à fait étonnante de maitrise et de sobriété, le tout accompagné d'une production électronique tout en relief et sinusoïdes. Dès lors on comprends tout, Radiohead délaisse quelques peu ses guitares et sa construction musicale si particulière pour décider de s'électroniser. Place alors aux synthétiseurs, aux samplers, à toute cette nouvelle technologie musicale qui va permettre à Thom Yorke d'utiliser sa propre voix comme un instrument à part entière. Modifiée par divers effets, notamment dans l'excellent titre éponyme Kid A, la voix de Thom Yorke essence tout l'album et prends la forme d'un véritable instrument électro-organique.


Toute cette décision d'emprunter la voie de l'électronique est grandement dû, comme la plupart du temps, à Thom Yorke lui même qui a découvert l'IDM et l'Acid music à travers Aphex Twin et toute la scène électronique psychédélique britanniques, avec des noms comme The Orb ou Autechre. Cette musique est pour l'artiste le romantisme d'un nouveau millénaire, l'avènement de la machine qui ne vient faire qu'un avec l'Homme.



Dès lors la musique de Radiohead se synthétise mais devient plus vibrante, plus fantasque. Il est sur que Kid A n'a fait et ne fera très certainement pas l’unanimité mais l’intérêt est ailleurs : Radiohead avance. Avec le somptueux How to disappear completeley, le groupe livre une sorte de ballade acoustique habitée par une mélancolie, une tristesse tellement pure, quelle peut être considérée comme la plus magnifique que Radiohead n'ai jamais écrite. Suivie ensuite de sons comme Optimistic ou In limbo (sonnant très OK Computer ), Radiohead ne cesse de faire ici l’étal de son potentiel créatif et de sa propension à varier les choses.





THOM YORKE par TARO MIZUTANI

ROLLING STONE MAGAZINE JAPON - VOL. 110


Le pinacle intervient selon moi sur l'incroyable Idioteque, peut être l'une des musiques les plus vivantes que j'ai pu écouter, une véritable épiphanie musicale. Il est le son le plus technoïde et le plus habité de l'album, on ne peut que ressentir pleinement l'influence d'Aphex Twin en l'écoutant. L'utilisation intensive des boites à rythmes et de ces nappes répétitives nous transporte dans une histoire macabre et annonciateur de l'apocalypse, dans laquelle l'homme est pris au piège. Tout cela est métaphorisé par la mécanique froide, mais diablement entrainante, que Thom Yorke construit sur le morceau.


Pour retrouver un peu de chaleur sur le disque, il faudra attendre la dernière piste Motion Picture Soundtrack, concluant l’album de façon discrète mais tout de même mortuaire, comme si le groupe nous offrait quelque chose d'unique à travers l'écoute que nous avions eu. Une écoute tellement unique, qu'elle ne pourra plus jamais se reproduire de la même façon. Après une plage de silence, d’autres sons reviennent aux oreilles de l’auditeur surpris. Il existe une théorie, validée par Thom Yorke lui-même, sur la raison d’être de ce genre de choses sur l’album : lancez deux Kid A à 17 secondes d’intervalle et vous comprendrez.

La principale critique faites à l'album, qui selon moi n'en est pas une, c'est sa froideur. Une froideur que l'on retrouve dans ses visuels, ses paroles cryptiques, ses rythmes saccadés ou encore ses bruitages intempestifs. C’est un album anxiolytique qui ne laisse de répit que pour mieux nous dévorer. Le groupe pensait-il que ses fans allaient apprécier ? Peu importe, car ils sont allés au bout d’eux-mêmes, faisant irradier les beautés qui se cachent au milieu de terreurs profondément enfouies. En électro, rien n’est trop chaud ni trop froid si les sonorités sont méticuleusement créées. Qu’elle soit là comme catharsis ou comme pure figuration, la beauté de ces sons nous happe, nous caresse, nous emmure plus qu’elle ne nous transporte dans son antre de mystère.


Pour moi Kid A est bien plus qu’un renouveau de Radiohead: c’est une œuvre d’art sublime qui parvient à faire entrer l’auditeur dans un univers inédit par la transcendance des genres. Une sensation que je n'ai personnellement ressentis qu'a travers cette écoute et celle de l'album Désintégration du groupe The Cure. L'envie, la sensibilité artistique et le talent d'interprétation se sont retrouver à un instant T pour enfanter l'un des albums les plus importants de la scène musicales de ces 30 dernières années. Une référence qui ne finira pas d'en inspirer et d'en émouvoir plus d'un, moi le premier..





par CLÉMENT MARTIN

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